DEPLACEMENT

Quand Mithkal Alzghair monte sur scène, son jeune corps entre dans un mouvement que l’on devine immédiatement comme nécessaire et urgent. Peu de choses sont dites sur nos scènes de théâtre avec cette justesse et cette profondeur là. à force de battre le sol avec ses gros godillots, on entend monter autant sa rage intérieure que la violence des corps asservis par une guerre qu’il évoque avec une rare économie de moyens. Chaque pore de sa peau semble tendu vers le soleil alors même que ses pieds font entendre le bruit sourd et continu des canons. Au lointain, comme une réminiscence, de temps en temps, des bribes de musiques venues d’Orient, de sa Syrie natale, lui font redresser la tête, fièrement. Quand le trio entre en mouvement à son tour, on sait pourquoi ces corps ont besoin de danser, inexorablement. C’est magnifique.